Dépendance versus perte d’autonomie

Dépendance et perte d’autonomie ne sont pas synonymes et/ou équivalents même s’ils sont souvent employés, à tort, l’un pour l’autre sans distinction.

Dépendance

L’Homme étant un animal grégaire (= qui vit en groupe), nous sommes tous dépendants les uns des autres, de l’aide et du soutien du clan, c’est-à-dire de la société.

La signification est simple : chacun dépend des autres et si l’aide que la communauté apporte habituellement n’est pas suffisante ou adaptée, si cette aide disparaît, l’individu risque de ne pas pouvoir survivre.

Cette dépendance peut être physique, psychologique, économique, sociale. Elle est éminemment variable, plus ou moins forte, selon les situations et les âges de la vie ; tous sont concernés à un degré plus ou moins élevé, elle est souvent plus marquée pendant l’enfance et lors de la vieillesse, surtout quand des handicaps surviennent.

Cette dépendance est marquée lorsque la personne ne peut pas ou plus (même temporairement chez un jeune adulte) effectuer seule les actes basiques de la vie quotidienne. On distingue les AVQ ou ADL (Activités de la Vie Quotidienne) comme se laver, manger, se déplacer, se laver et les AIVQ ou IADL (Activités Instrumentales de la Vie Quotidienne) plus complexes comme utiliser le téléphone, faire les courses, préparer les repas, faire le ménage, utiliser les transports, prendre des médicaments et gérer les finances.

Ressources matérielles et « dette » alimentaire

Dans le droit français, il existe le principe d’obligation alimentaire (jadis appelée dette) qui consiste dans l’obligation pour un individu d’assurer la subsistance de ses ascendants directs (Même jusqu’à plusieurs générations au-delà des parents : grands-parents ou arrière-grands-parents). Certes, elle n’est pas qu’alimentaire contrairement à son nom et couvre tous les besoins basiques comme l’hébergement, les soins, pour une vie digne (et elle peut être en espèce et/ou en nature.).

Même si vos parents vous ont abandonné le jour même de votre naissance, dans le tour d’abandon d’un couvent et si, 75 ans plus tard, ils vous retrouvaient (et que le lien de filiation soit prouvé souvent grâce à une remarque, un signe d’identification laissé avec l’enfant), ils peuvent demander de les prendre en charge, s’ils sont dans le besoin ! Pas sûr que le JAF (juge aux Affaires Familiales) soit quand même d’accord, mais après tout, vous leur devez quand même la vie. Cela s’applique même aux « pièces rapportées », brus et gendres. Mais elle existe aussi dans d’autres cas : entre époux ou pour les enfants, mais pas entre frère et sœur par exemple.

Autonomie

Le sens est tout autre. L’étymologie, grecque, a une signification fort différente : auto (soi-même) nomos (règles, loi). C’est la faculté de pouvoir décider de son propre chef de sa vie (en fonction de l’étendue des possibles, bien sûr).

C’est le fait de ne pas être assujetti aux choix d’un autre, aux décisions d’un autre… Ou des autres, voire de la société. C’est en fait l’expression de la liberté de l’individu, le pouvoir de se déterminer par soi-même, de choisir, de se gouverner, d’agir librement, le libre-arbitre, en sachant que la personne sera toujours dépendante de son milieu, de ses capacités physiques, donc de ses handicaps et des obligations sociales. La famille peut les conseiller, les aider en sachant que pour ce qui est des ressources matérielles, la dette alimentaire, mais ce sera toujours aux intéressé.e.s de décider en bout de course.

Tutelles et curatelle

Mais il reste le cas des toutes les personnes qui n’ont pas le discernement, le jugement, la compréhension suffisante pour gérer leur vie et faire les bons choix. C’est le cas :

1. des enfants mineurs,

2. des malades psychiatriques graves (qu’on appelait jadis les aliénés) et

3. des personnes qui les ont perdus avec l’avancée dans l’âge, comme les cas de maladie d’Alzheimer, la forme la plus commune de démence.

C’est pour cela que le législateur a créé les statuts de tutelle et de curatelle destinées aux personnes dont les capacités mentales sont insuffisantes pour se gérer seules afin de les protéger et de défendre leurs droits. On y recourt trop rarement et/ou trop tardivement.

La dépendance n’est donc pas l’inverse de l’autonomie.

Docteur Michel Allard.

Docteur Michel Allard est médecin retraité et chercheur indépendant.

Il est auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la longévité.

Vous pouvez les commander à votre libraire habituel et les retrouver sur leslibraires.fr

Allard, M. (2019) Le bonheur n’a pas d’âge. Paris, France : Le Cherche Midi.

Allard, M. et Robine, J.-M. (2000). Les centenaires français, étude de la Fondation IPSEN 1990-2000. Paris, France : Serdi, coll. « Année gérontologique ».

Allard, M. et Thibert A. (1998). Longévité mode d’emploi. Paris, France : Le Cherche Midi.

Allard, M. (1995). Poèmes sur le temps qui passe, anthologie de la poésie française. Paris, France : Le Cherche Midi.

Allard, M., Lèbre, V; et Robine, J.-M. (1994). Les 120 de Jeanne Calment, doyenne de l’humanité. Paris, France : Le Cherche Midi, coll. « Documents ».

Allard, M. (1991). À la recherche du secret des centenaires. Paris, France : Le Cherche Midi.

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